Robin Wright: « Je ne perds pas facilement espoir »

Une âme authentique et fière doublée d’une actrice talentueuse et discrète… Gérard Darel s’est choisi pour égérie une femme moderne à la quarantaine éclatante. Rencontre.

Elle est vive, menue. Pressée. Sa poignée de main est franche, son sourire si lumineux qu’il lui mange le visage. La vie, la solitude, la quarantaine, l’espoir, et puis

, le père de ses enfants… L’actrice américaine se raconte. Plus sereine et confiante en l’avenir qu’elle ne l’a sans doute jamais été.

Gala: Le vêtement est-il le reflet de ce que la femme vit ou ressent, de la manière dont elle appréhende sa propre existence?

Robin Wright : C’est pour elle une façon comme une autre d’exprimer ce qu’elle a en elle, oui. Et je suis persuadée que plus elle avance en âge et plus cela se vérifie.

Gala: Vous, comment vous sentez-vous aujourd’hui?

R. W. : En plein jetlag. Ceci dit, vous me voyez comme je suis tous les jours. Jean, pull, blouson de cuir… C’est mon uniforme à moi.

Gala: Avant Gérard Darel, vous n’aviez jamais accepté de devenir le visage ou l’égérie d’une marque. Celle-ci a donc quelque chose que les autres n’ont pas?

R. W. : D’abord je ne me voyais pas dans une énorme campagne. Dans des « pubs », comme vous dites ici, qui m’auraient donné l’impression d’être… surexposée.

et moi avons une amie commune qui m’a parlé de cette ligne de vêtements. Elle m’a dit qu’à sa tête il y avait des gens bien, elle était sûre que je serais en harmonie avec eux, avec l’esprit de leurs créations et l’image qu’ils souhaitent en donner. Et c’est vrai, non? Moi, j’ai besoin de me sentir en affinité avec les gens avec lesquels je travaille, de partager avec eux une certaine forme de philosophie, d’approche des choses, de pensée.

Gala: Qu’aimez-vous le plus dans la vie que vous menez aujourd’hui?

R. W. : Les voyages. L’Europe, Paris. J’adore être ici. Et puis être seule. Franchement… J’apprécie la solitude, oui. Il y a toujours tant de choses à faire, tant de gens dont il faut s’occuper… Cette nuit, par exemple, impossible de dormir. Alors à quatre heures du matin, je suis sortie, j’ai marché. Personne autour. Juste moi, seule, dans les rues de cette ville incroyable.

Gala: Pour une femme, la vraie vie démarre après quarante ans?

?R. W. : On ne se débarrasse jamais totalement de l’inquiétude qui est en soi, des angoisses. Mais quelque chose change, difficile à expliquer. La phase de chaos intérieur est terminée, les événements, les gens n’ont plus la même prise sur vous. Avoir quarante ans ou plus, c’est se réveiller un jour et se dire “ Bon, tu sais quoi ? Ça va aller. Au finish, tout sera ok. ” Votre âme ne vous consume plus, ou plutôt elle ne se consume plus comme avant.

Gala: Vous vous sentez libre, désormais?

R. W. : Je me sens davantage ouverte à la possibilité de l’être, de le devenir vraiment.

Gala : Quel regard portez-vous sur la Robin Wright des eighties, celle des années Santa Barbara?

R. W. : C’était un bébé. Et dans ma bouche le mot prend tout son sens, croyez-moi.

Gala : De toutes les expériences de vie que vous avez connues, le mariage, le divorce d’avec Sean Penn, la naissance de vos enfants, quelle est celle qui vous a le plus appris sur vous-même?

R. W. : Elles m’ont toutes aidé à avancer. Toutes.

Gala : Même si vos enfants (Dylan Frances, vingt ans, et Hopper Jack, dix-sept ans) sont aujourd’hui de jeunes adultes, avez-vous le sentiment qu’ils ont toujours autant besoin de votre aide, de votre présence, de vos conseils?

R. W. : Oui, ça j’en suis sûre. Je pense même que c’est à leur âge qu’ils expriment le plus le besoin d’être guidés. Mes enfants sont tous les deux des esprits indépendants et forts, mais ils croient dans ce que l’être humain a de meilleur. Sean est un père formidable, il a un sens aigu de l’éthique, de la moralité, et n’a jamais transigé avec ces valeurs-là. Il leur a appris comment se conduire dans l’existence, quelle était la seule manière correcte de se comporter avec les gens. Il a fait bien plus que les guider, il s’est imposé naturellement à eux comme un modèle. Regardez ce qu’il fait pour la planète, le désir qu’il a de venir en aide à ceux qui en ont besoin. Tendre la main, c’est important. Et c’est devenu essentiel dans le cœur de mes enfants, qui ont grandi en étant nourris de ses enseignements.

Gala : Votre notoriété, celle dont bénéficiait votre couple, vous ont-elles apporté plus de difficultés que de joies?

R. W. : Cette notoriété dont vous parlez, je ne pense pas l’avoir jamais eue. Je ne suis pas poursuivie par des photographes en permanence, en réalité je ne crois pas correspondre à l’idée que les gens se font d’une célébrité et j’en suis plutôt contente. Sean et moi nous avons quitté Los Angeles lorsque nos enfants étaient petits pour ne pas avoir à subir tout ces désagréments, c’est vrai. Mais à titre personnel, je me considère plutôt simplement comme quelqu’un qui connaît une certaine réussite dans son métier. J’aime être comédienne, je suis payée pour le faire, je suis heureuse de voir ma carrière évoluer comme elle évolue. j’éprouve une immense reconnaissance pour tout ça.

Gala : Vous seriez donc une vraie optimiste?

R. W. : Pas tout le temps, non. Disons plutôt que je ne perds pas facilement espoir.
Propos recueillis par Coraline Lussac

Jeudi 14 avril 2011