Mardi 9 août, la chaîne Arte diffusait le documentaire In Bed With , réalisé par Alek Keshishian en 1991. Un film déjà considéré comme provoquant à l’époque, mais qui dans le contexte actuel s’avère particulièrement indécent. Une scène a retenu notre attention.
Un documentaire considéré en 1991 comme « rock n’ roll ». Devant la caméra d’Alek Keshishian Madonna inaugure le principe de quasi téléréalité, se laissant filmer pendant la préparation de ses shows avec son équipe. Passons sur l’Ego infatué de la star, ou sur ses «potacheries» maladroites –fellations sur une bouteille, plaisanteries grasses sur les hommes- qui, à l’époque, avaient le mérite de trancher dans un paysage pré porno-chic porté sur la pudibonderie. Et venons en au fait. Une séquence plus scandaleuse, a posteriori, que n’importe quel porte-jarretelle dessiné par Gaultier ou simulation de masturbation sur scène: celui du viol de sa maquilleuse.
Le scène est courte mais on ne s’en remet pas. Madonna se voit rapporter par son frère le viol d’une certaine Sharon, donc, jeune femme sans aucun signe extérieur de glamour et plutôt replète que l’on voit depuis le début du reportage, s’afférant autour d’elle pinceaux et fards à la main. Il explique que, dans une boîte de nuit, on a mis de la drogue dans son verre et qu’elle s’est réveillée sans souvenir aucun, dans sa chambre d’hôtel, souillée et en sang.
Dans ce cas, comment réagit Madonna? Est ce que cette féministe revendiquée s’indigne, est-ce qu’elle prend la jeune femme dans ses bras pour la consoler, est-ce qu’elle s’inquiète de savoir si elle a porté plainte? Non, elle pouffe. Oui, elle pouffe dans un mélange de snobisme –sa maquilleuse n’est pas du genre à plaire aux hommes- et de mépris. Supputant qu’elle a dû se vanter de travailler sur sa tournée et donner imprudemment l’adresse de son hôtel. Enfin, l’insoutenable séquence se clôt sur un plan de la maquilleuse qui explique que, ça lui apprendra, elle n’ira plus en boîte seule.
Autant dire qu’en pleine tourmente DSK, à l’heure où Naffisatou, Tristane et les autres tentent de faire entendre des voix dont -bien sûr- la véracité reste à prouver mais qui véhiculent une certaine idée de la dignité de la femme et de son droit le plus profond au respect physique, le détachement, voire la cruauté de l’icône en l’occurrence, font tache. La séquence avait navré les critiques à l’époque. Aujourd’hui, vingt ans plus tard, elle choque.
Séverine Servat
Mercredi 10 août 2011
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