Initiée depuis plusieurs années, la disparition des petites maternités conduite au nom de la sécurité des soins devrait s’accélérer avec le nouveau plan gouvernemental de réorganisation des établissements de santé. Plusieurs maires et futurs parents s’inquiètent de cette réduction du nombre d’établissements de proximité.
Depuis 40 ans, deux tiers des maternités ont disparu, en particulier les plus petites. Cette tendance devrait continuer à s’accélérer avec le plan gouvernemental “Ma santé 2022” qui entend privilégier la sécurité pour les femmes, quitte à les éloigner de leur maternité.La réorganisation des établissements de santé signe la fin des maternités de proximitéPrésenté par la ministre de la santé et le Président en septembre dernier, le plan “Ma santé 2022” avait annoncé la réorganisation des établissements autour de trois niveaux de soins : soins de proximité (sans chirurgie ni obstétrique), soins spécialisés et soins de recours et de référence (soit des soins ultraspécialisés), sur la base des seuils d’activité. Le but affiché est de garantir une sécurité optimale pour tous les Français partout sur le territoire. En d’autres termes, les hôpitaux de proximité ne conserveront pas des services dont l’activité ne permet pas d’assurer une prise en charge de qualité. Ce qui implique notamment la fermeture de maternités dont le nombre d’accouchements est jugé insuffisant.Ces établissements ne devraient pas pour autant fermer mais devront réorienter leur activité vers d’autres missions : soins de gériatrie, soins de suite, réadaptation, consultations de spécialités, examens d’imagerie, de biologie, télémédecine, équipes mobiles de soins…Sécurité versus proximité ?De nombreux maires et comité de défense de plusieurs maternités entendent défendre leur établissement de proximité. Réunis dans la
coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, ils appellent à une mobilisation générale le 1er décembre à travers différentes actions en régions.Interrogé par 20 minutes, Jean-Paul Ortiz président de la confédération des syndicats médicaux français juge que “On est dans un problème de qualité et de sécurité des soins versus proximité. Pour assurer une qualité dans une maternité, vous avez besoin de gynéco-obstétriciens H24 et d’un pédiatre. Deux spécialités concernées par la crise de démographie médicale”.Néanmoins, le temps d’accès à la maternité n’est-il pas un paramètre à prendre en compte pour la santé de la mère et de l’enfant ? Une
étude de 2014 conduite en Bourgogne sur près de 140 000 femmes montre qu’au-delà de 45 minutes, les risques sont plus importants. A l’époque, les auteurs concluaient : “D’autres études sont nécessaires car s’ils se confirmaient, ces effets négatifs seraient à prendre en compte lors de toute évaluation des bénéfices, tant médicaux qu’économiques, attendus des restructurations et des fermetures des maternités“.En 2012,
une étude de la Drees avait conclu que le temps d’accès moyen à une maternité était “resté stable entre 2001 et 2010 : la moitié des femmes mettent moins de 17 minutes pour aller accoucher” mais que “Les disparités des temps d’accès entre départements restent néanmoins fortes et huit départements ont un temps d’accès médian supérieur à 30 minutes“.Cette nouvelle organisation devrait donc prendre en compte les spécificités géographiques et démographiques, ce sera la mission des groupements hospitaliers de territoires, obligatoire depuis 2016, pour coordonner une prise en charge commune et graduée des patients au niveau d’une région.Click Here: Cardiff Blues Store