C’est la mèche du candidat qui a mis le feu et continue d’embraser toute sa communication. Permettant aux humoristes de s’en donner à cœur joie via des caricatures dangereusement bonhommes.
En Caroline du Sud, en août 2015 déjà, pendant un meeting, Donald Trump, faisant mine d’être en colère et de vouloir répondre à une polémique croissante, demandait à une jeune femme de monter sur scène. « Regardez, lui disait-il en la prenant à témoin et lui offrant son crâne : ce sont mes vrais cheveux, je ne porte pas de perruque ! ».
Depuis le début de la course aux primaires, l’insolite mèche laquée du candidat républicain est devenue un accessoire marketing commode. Un point identitaire phare de ce showman rodé aux techniques de communication et sanctifié par la télé-réalité via son émission The Apprentice qui lui offrit une audience allant jusqu’à 28 millions de téléspectateurs un soir de 2004. Bingo. Un mois après cette déclaration fracassante, en septembre 2015, The Economist mettait en scène les seuls cheveux de Trump sur sa couverture. On pouvait voir le toupet du magnat de l’immobilier survoler par hélicoptère et de façon menaçante la Maison-Blanche par un effet de montage capillotracté (ce sera notre premier et notre dernier jeu de mot, c’est trop facile).
« Ce qu’on te reproche, cultive le, c’est toi », a écrit Jean Cocteau. Voilà exactement la stratégie de Mister Trump, lequel n’a judicieusement jamais cédé aux conseils de ses chargés de communication qui l’avaient d’abord supplié de revenir à son châtain d’origine, partout consultable sur Google Image pour peu qu’on recherche des photos de sa jeunesse. Fidèle à sa devise préférée en matière de storytelling « en bien ou en mal, pourvu qu’on parle de moi », Donald, 69 ans, a eu raison de capitaliser sur cet attribut qui le transforme, de fait, en parfait personnage de fiction. Facile à incarner, à repérer, ou à parodier, notamment par Johnny Depp le 11 février 2016 dernier pour le très populaire site américainFunnyordie.
De façon quasi ontologique, Donald Trump se fiche bien de la vraisemblance puisqu’il croit en la modification de soi comme une forme de progrès. Au top 5 des pays les plus puissants du monde, il n’y a qu’aux Etats-Unis qu’un candidat à la présidentielle a ainsi tendance à surévaluer sa fortune plutôt qu’à la minorer. N’a-t-il pas annoncé 8 milliards de dollars de patrimoine quand le magazine Forbes lui en accorde « seulement » 4,5 ? C’est dire si on n’en est plus à la véracité d’une couleur près et combien, de même, Donald Trump n’hésite pas à revendiquer de façon un peu abusive la propriété de son improbable touffe. Lors même que selon ses proches, et en particulier son ex-femme Ivana, celle-ci doit tout aux implants capillaires. Ainsi qu’à un excellent coloriste, probablement inspiré par certains écureuils de Central Park, près duquel s’érige l’une de ses « Trump Towers ».
Mais attention, en dépit de ses positions résolument provocatrices qui vont chercher le poujadiste qui sommeille en chacun – oui pour un mur entre le Mexique et les Etats-Unis pour enrayer le flux d’immigration latino, non à l’augmentation du salaire minimum, le changement climatique ? Un canular, oui à l’investissement en armes à feu, et enfin un peu de torture, et en particulier la simulation de noyade, n’ont jamais fait de mal à un présumé djihadiste – il n’est pas à exclure que Donald Trump en ait intellectuellement sous la calotte crânienne.
Sa sœur, juge fédérale des Etats-Unis et son oncle, le professeur John G Trump, réputé pour ses travaux sur la radiothérapie, entre autres, ne l’ont jamais pris pour un blond vénitien décérébré. Et, obsédés par ses petits ridicules plutôt que par sa force de frappe, les partisans démocrates, auprès desquels sa perruque fait un tabac en soirée et se vend au prix cassé de 11,10 dollars, auraient bien tort de le sous-estimer.
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