Cyril Lignac, les bonnes recettes de sa « business-cuisine »

De l’appétit, cet Aveyronnais n’en manque pas! Restauration, édition, presse… Le marmiton de M6 met son grain de seul un peu partout depuis quatre ans. On estime son chiffre d’affaires à près de 2,5 millions d’euros. Délectable!

«Il est incontestable que de tous les arts, l’art culinaire est celui qui nourrit le mieux son homme.» Cyril Lignac ne mettra pas la parole de Pierre Dac en doute. Avec lui, la cuisine fait recette. Inconnu il y a quatre ans, il est aujourd’hui le chef le plus cathodique et le plus populaire de l’Hexagone. Pas toqué pour deux sous, le trentenaire a su saisir sa chance lorsqu’elle s’est présentée en 2005 avec l’émission de téléréalité de M6 Oui Chef!». Quatre mois plus tard, après avoir réuni en moyenne 4,3 millions de téléspectateurs, l’ex-commis aveyronnais a ouvert son restaurant à Paris: Le Quinzième, lieu branché de quatre-vingts couverts, dans lequel 1 million d’euros a été investi.

Puis, il s’est lancé avec un féroce appétit dans la «business-cuisine» – nouvelles émissions, livres, magazines – en créant sa société Cuisine Attitude. Quitte à faire grincer des dents. On lui reproche d’en faire trop, de ne pas avoir « l’âme » d’un cuisinier. Lignac encaisse, mais ne rend pas son tablier. «C’est vrai que la cuisine n’était pas une vocation. A quinze ans, je ne m’intéressais à rien, j’étais nul à l’école. J’ai suivi un BEP de cuisine comme j’aurais pu choisir plomberie », confesse-t-il. Après des études de cuisine et de pâtisserie, le déclic pour lui a eu lieu à l’Auberge du Vieux-Pont, où il jouait du piano. Par la suite, il a poursuivi sa route étoilée au Jardin des Sens, des frères Pourcel, ou encore à L’Arpège, d’Alain Passart, avant de devenir chef à La Suite.

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Aujourd’hui, ce sont ses établissements qui font salle comble. En septembre 2008, moyennant une mise de 50 000 euros, il a ouvert Le Chardenoux dans le 11e arrondissement de Paris, un bistrot de trente-sept couverts, classé aux Monuments historiques. L’addition est moins salée qu’au très chic Quinzième (80 à 105 euros pour le menu dégustation, sans les vins of course!), mais elle est plus élevée que celle d’un bistrot traditionnel avec une fourchette entre 40 et 60 euros.

Entre deux émissions de télé («Le chef contre-attaque», «Chef la recette» et «Vive la cantine!»), il est également devenu une machine à best-sellers chez Hachette Pratique avec des livres de recettes. Au total: près de quarante titres qui se vendent comme des petits pains (plus d’1,5 million d’exemplaires en quatre ans!). Il prépare d’ailleurs une collection pour enfants, intitulée L’atelier des petits chefs et publiée le 13 mai, ainsi que des ouvrages sur le vin, estampillés Chef, le vin, avec Jérôme Moreau, le sommelier du Bristol. En « entrepreneur dynamique », comme il aime à se définir, l’insatiable a lancé ses propres magazines: Vie pratique gourmand, un bimensuel vendu aux caisses des supermarchés et tiré à 280 000 exemplaires, mais aussi Cuisine by Cyril Lignac, un bimestriel vendu en kiosque et tiré à 150 000 exemplaires.

Sollicité par les industriels de l’agroalimentaire, il cède parfois à la juteuse tentation. Depuis 2007, il crée une gamme de plats individuels pour Findus (environ 3,50 €). «Il a été rémunéré pour le développement des recettes et touche des royalties sur les ventes. Il n’est pas donné, mais pas plus gourmand qu’un autre non plus», nous a confié le directeur marketing de Findus France. Il crée aussi pour Sushi Shop, numéro 1 de la livraison de sushis en France, et est consultant pour le Grand Café de la Poste de Marrakech, au Maroc. Comment fait-il ? «Je mène une vie de fou. Je n’ai pas de vie privée, une seule chose m’intéresse: mon job. Je travaille de 9 heures à 1 heure du matin tous les jours», explique le chef, qui ne prend que deux semaines de vacances par an et qui vient de monter sa propre boîte de production Kitchen Factory Productions.

«Je ne fais pas tout. J’ai de super collaborateurs», concède-t-il. Une quarantaine de salariés œuvrent pour lui. Mais il a «un contrôle absolu» sur tout. S’il s’autorise quelques gueuletons avec ses potes à L’Aubrac, il fait du sport quatre fois par semaine et ne rate pas ses cours d’équitation à L’Etrier, club sélect du Bois de Boulogne, avec son cheval Argus. «C’est mon seul luxe avec une vieille Porsche de 1965», convient celui qui est resté «un garçon simple de l’Aveyron, à la cool»… derrière lequel se cache un businessman qui n’a pourtant pas fini de faire son beurre…

Delphine Germain

Article paru dans Gala, juin 2009