“On a fait quelque chose d’inouï, de considérable, qui va transformer les effets du changement climatique”, a déclaré dimanche 5 mars sur franceinfo Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur océan et pôles, envoyé spécial du président de la République pour la conférence Océan des Nations unies. Les États membres de l’ONU se sont mis d’accord samedi sur le premier traité international de protection de la haute mer, destiné à contrecarrer les menaces qui pèsent sur des écosystèmes vitaux pour l’humanité.
franceinfo : Peut-on parler d’accord historique ?
Olivier Poivre d’Arvor : C’est un accord sur la moitié de la surface du globe. C’est 60% de la mer. La haute mer c’est tout ce qui est libre de circulation, qui peut appartenir à tout le monde. Il n’y a aucune protection juridique. Cela fait 15 ans qu’on discute d’un texte qui va protéger la mer, de faire en sorte que tout le monde ne puisse pas s’emparer de la pêche, des ressources génétiques minérales, se servir. C’est un accord d’autant plus étonnant que nous sommes dans une situation géopolitique très troublée. Je pense que les effets du changement climatique sont-là. Là, on a fait quelque chose d’inouï, de considérable, qui va transformer la question du carbone, des effets du changement climatique et de la montée des eaux. Cela va avoir des effets considérables sur notre survie pour les siècles à venir.
Que comprend exactement la haute mer ?
Il y a trois parties dans la mer. Celle qui est à nous, chaque pays à sa zone exclusive et peut en faire ce qu’il veut, c’est 370 kilomètres. Il y a le fond de la mer qui appartient à tout le monde et puis il y a la colonne d’eau, une immense masse d’eau qui n’appartient à personne. Elle n’avait pas été traitée et c’est cela que nous avons protégé.
Quels sont les engagements de ce traité ?
Cela se fera en 2030 parce que pour préparer un chemin de planification de cet espace considérable, il faut du temps. Le texte existe, il a été approuvé au consensus. L’accord est signé. Il faut qu’il soit ratifié par tous les parlements des pays. Cela sera le cas en 2025, quand la France organise la conférence des Nations unies sur l’océan. On va pouvoir mettre en œuvre tout un système d’aires marines protégées avec des règles très strictes qui feront qu’on ne pourra pas pêcher, circuler, aller chercher des ressources génétiques marines sans avoir fait des études d’impact environnementales. On va réguler la nourriture, l’alimentation et l’exploitation des océans.
Pourquoi a-t-il fallu 15 ans de négociations ?
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La notion de bien commun n’est pas évidente à faire comprendre à tout le monde. La mer est le lieu de la confrontation de demain et d’aujourd’hui. La Chine devient la première puissance maritime mondiale, cette année, devant les États-Unis. Il va y avoir de nombreux affrontements. Nous Français, nous avons créé une coalition, il y a un an, pour la défense de la haute mer. On était 27 pays qui ont dit que cet accord devait être signé. Pendant la négociation, on a convaincu les Chinois d’être avec nous, puis ensuite les Américains, les pays africains et par miracle on y est arrivés.
Quelle est la suite ?
Nous préparons un équivalent du Giec sur l’océan d’ici deux ans pour voir ce qui s’y passe, ce qu’on peut faire et ne pas faire.