Bientôt moins de médecins généralistes que de spécialistes

Les médecins généralistes sont de moins en moins nombreux en France, contrairement aux spécialistes (hors chirurgiens) qui pourraient même les dépasser d’ici 2020, d’après les chiffres dévoilés jeudi par le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom).

Baisse du nombre de médecins généralistes, bientôt moins nombreux que leurs confrères spécialistes.

Au 1er janvier 2014, le Cnom recensait 198 760 médecins dits en “activité régulière“, c’est-à-dire exerçant au même endroit, hors remplaçants ou temporairement sans activité. En légère baisse de 0,3 % par rapport à 2013, ce chiffre vient confirmer la stabilisation des effectifs qui, selon le Cnom, devraient stagner jusqu’en 2020. Le Cnom recense aussi 60 823 retraités (+62,5 % depuis 2006), mais un peu moins d’un quart d’entre eux continuent d’exercer.La baisse des

médecins généralistes s’est accentuée, atteignant -6,5 % de 2007 à 2014, alors que leurs confrères spécialisés dans d’autres disciplines (hors chirurgie) ont connu une augmentation de +6,1 % sur la même période (+6,7 % pour la chirurgie).Cette tendance “troublante“ va à l’encontre de la politique menée par le gouvernement, qui “tend à rendre prioritaire la médecine de premier recours“ (premier praticien auquel le patient accès), selon le président de l’Ordre Patrick Bouet, et ce d’autant plus qu’elle devrait perdurer.Ainsi, si l’on compte actuellement 90 630 médecins généralistes pour 84 335 spécialistes (hors chirurgiens), le rapport devrait s’inverser d’ici 2020, avec 88 158 spécialistes pour 86 203 médecins généralistes, selon les prévisions du Conseil.Cela “pose le problème de l’organisation universitaire, mais aussi de l’attractivité de la médecine générale qui reste malgré tout un choix par défaut plutôt qu’un choix d’adhésion“, a déclaré Patrick Bouet, lors d’une conférence de presse.Une meilleure rémunération pour les spécialistes explique en partie le manque d’attractivité de la filière généraliste. Mais pour le Cnom, le programme même des études de médecine, trop axé sur le milieu hospitalier, est à revoir.Paris enregistre la plus forte baisseUn constat partagé par le président de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), Julien Poimbeuf : “Les étudiants effectuent surtout des stages dans les services hospitaliers et sont plus en contact avec d’autres spécialités. Ce n’est pas étonnant qu’ils aillent vers un exercice où ils sont plus à l’aise“, déplore-t-il.Le manque d’informations relatives à l’installation agit également comme un frein pour la plupart des étudiants, selon lui, car “quand on s’installe, il y a tout un socle de connaissances à avoir. Il faudrait vraiment axer la formation sur ça“.Aucune région métropolitaine n’est épargnée par cette baisse, à l’exception des Pays-de-la-Loire, où le nombre de généralistes est en hausse par rapport à 2007. A l’inverse, toutes les régions ont enregistré une hausse du nombre de spécialistes, de 0,6 % pour la Corse à 13,2 % pour le Nord-Pas-de-Calais.Au niveau départemental, les disparités sont plus tangibles et confirment le recul de la population médicale de Paris, réputée pour sa densité. En perdant 21,4 % de ses médecins généralistes de 2007 à 2014, la capitale est la plus touchée, devant l’Aisne (-18,1 %), la Nièvre et le Val-de-Marne (-17,9 %).La Savoie connaît quant à elle la plus forte augmentation de médecins généralistes (+6,5 %), juste devant la Loire-Atlantique (+6,4 %).Les coûts prohibitifs des loyers urbains expliquent en partie le regain d’intérêt des généralistes pour les régions rurales. Mais pour Julien Poimbeuf, les médecins ont surtout tendance à s’installer dans les régions où ils ont pu effectuer des stages.Par ailleurs, Patrick Bouet a précisé que les retraités poursuivant leur activité restent le plus souvent “dans des zones qui sont déjà bien dotées sur le plan professionnel“. Même si ces praticiens sont de plus en plus nombreux – 12 946 en 2014, soit une augmentation de 370,8 % depuis 2007 – ils ne permettront pas de combler le déficit annoncé. “Il ne faut pas considérer que les petites solutions ponctuelles apportent une solution générale“, insiste le président de l’Ordre.AFP/RelaxnewsSource : Conseil National de l’Ordre des Médecins, 5 juin 2014.