Le risque de maladie de Parkinson lié aux pesticides ne se limiterait pas aux seuls agriculteurs, mais toucherait aussi la population des régions les plus agricoles, et notamment les plus viticoles, exposées à ces substances, selon une étude publiée mardi.
L'incidence de la maladie a augmenté progressivement avec l'augmentation de la proportion de surfaces agricoles utilisées, selon l'étude. ©Mihajlo Maricic / IStock.com
Une augmentation de la
maladie de Parkinson dans la population générale habitant les cantons français les plus agricoles, notamment viticoles, a en effet été relevée dans une étude épidémiologique nationale.Une augmentation observé y compris en excluant les agriculteursCette augmentation est observée “y compris après exclusion des agriculteurs“, souligne l’éditorial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) dédié à la maladie de Parkinson paru la veille de la journée mondiale consacrée à cette pathologie neurodégénérative.Les riverains exposés aussiUne explication possible serait que l’utilisation importante des
pesticides s’accompagnerait d’une exposition des riverains à ces substances phytosanitaires. Le terme de pesticides regroupe trois catégories de produits : les insecticides, les fongicides et les herbicides.Les agriculteurs ont 10 % de plus de risque de maladie de parkinson”90 %” des pesticides “sont dédiés à l’usage agricole, avec un risque plus élevé de maladie de Parkinson de l’ordre de 10 % chez les agriculteurs“, souligne la neurologue Marie Vidailhet dans l’éditorial de ce numéro du BEH édité par l’agence sanitaire Santé publique France.Si le rôle de l’exposition non-professionnelle aux pesticides était confirmé dans la maladie de Parkinson, “le nombre de cas de Parkinson attribuable aux pesticides pourrait être plus élevé que si seule l’exposition professionnelle était impliquée“, selon les auteurs de l’étude.Les régions viticoles plus touchées”L’association la plus forte a été observée pour les cantons avec les proportions de terres agricoles dédiées à la viticulture les plus élevées, avec une incidence de la maladie plus élevée de 10 % par rapport aux cantons sans viticulture“, notent-ils d’après des analyses effectuées à partir de 69 000 cas survenus en métropole sur la période 2010-2012.Cette association est retrouvée chez les hommes et les femmes, alors que “les hommes sont plus impliqués dans l’épandage de pesticides“, relèvent Sofiane Kab et Alexis Elbaz (Inserm/Santé publique France) avec leurs collègues co-auteurs de l’étude.L’incidence de nouveaux cas proportionnelle aux surfaces agricoles utiliséesL’incidence (nouveaux cas) de la maladie augmentait progressivement avec l’augmentation de la proportion de surfaces agricoles utilisées, selon l’étude.Réduire l’exposition aux pesticides”Ces résultats justifient la surveillance de la maladie de Parkinson chez les agriculteurs et la poursuite d’études sur le rôle de l’exposition non professionnelle aux pesticides en population générale“, souligne pour sa part la neurologue. “Ils plaident également en faveur de la réduction de l’exposition aux pesticides des agriculteurs et des riverains des cultures, notamment viticoles“, ajoute-t-elle.Les agriculteurs représentent 5 % de la populationLa viticulture compte parmi les cultures les plus utilisatrices de pesticides. En France, en 2000, la viticulture représentait 3 % de la surface agricole utile (Sau) et consommait 20 % des tonnages des pesticides, essentiellement en raison d’un usage important de fongicides et d’insecticides.Les agriculteurs représentent environ 5 % de la population.