Pauline Delpech: mise à nu

La belle-fille de sort son troisième polar -Le Sang Des Tourterelles (éd.Michel Lafon)- et tourne la page. Son anorexie, son obsession de la souffrance: The End. Elle vit enfin.

Pauline a la séduction dans le sang. Un coup d’œil bleu acier, et les objets comme les hommes sont comme vampirisés. Au Park Hyatt, sa seconde maison très chic, la jeune écrivaine de vingt-sept ans, qui vient de sortir Le sang des tourterelles, l’histoire d’un serial killer d’enfants, commande d’une voix féline: «Mon Philippe, s’il te plaît, mon jus de pomme dans un grand verre, mon jus de tomate pas trop assaisonné.»

Même

, passé en coup de vent, se tortille devant elle: «Pauline Delpech, j’aime beaucoup ce que vous faites… » Jolie revanche. Après avoir cherché à disparaître, réduisant son corps à une peau de chagrin, la jeune femme dévore la vie, les autres et la caméra (elle a joué dans le téléfilm Les Bonobos, d’Alain Berliner, et sera bientôt l’héroÏne du premier film de Hugues Deniset).

Morceaux choisis d’une artiste qui va certainement prendre de la place, beaucoup de place…

Métier profiler

Dès l’âge de douze ans, j’avais lu tout Simenon, Agatha Christie et regardé Le Silence Des Agneaux. J’étais fascinée par les tueurs en série. Personne n’explique cette folie meurtrière. Moi, je voulais comprendre. Plus tard, j’ai fait trois mois de droit, deux ans de psycho et de la graphologie pour devenir profiler. Mais ce métier n’est pas reconnu en France, alors j’ai décidé de l’être par procuration. En écrivant ou jouant des rôles.

La littérature l’a sauvée

J’ai ressenti beaucoup d’émotion en terminant ma trilogie et en laissant mon personnage principal, Barnabé. Mettre un point final à notre histoire est douloureuse. J’en perds les mots. C’était une de mes relations les plus fortes. Je ne serais pas là sans lui. Quand je suis rentrée à l’hôpital pour anorexie, il y a six ans, dans un état critique, je me suis dit que j’allais devenir folle, et Barnabé m’est apparu, un personnage torturé, noir mais rempli d’espoir. Pour moi, c’était comme un cocon. Avec son départ, je mets un pieds dans ma vie de femme. Je le laisse enfin tranquille.

Son pseudo comme une seconde peau

J’ai pris le nom de mon beau-père il y a trois ans. Je le connais depuis l’âge de six mois. La symbolique est très forte. Je me le suis accaparé. On m’a tellement demandé de me justifier et je comprends… c’est vrai que je ne suis pas née Delpech. Je cherchais mon identité. En fait, je voulais porter le nom de ma mère: la vérité est là. Petite, je ne pouvais pas la voir autant que je l’aurais voulu, ses rapports avec mon vrai père étant très conflictuels. Je l’aime tellement ma mère…

Scènes érotiques

J’adore une scène du Mépris, avec

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, cette tension. C’est pour ça que mes histoires d’amour ne marchent pas, je déplane en deux secondes, je me lasse. J’aime… vous voyez… cette scène de Blade Runner, où l’héroïne se met à jouer au piano, c’est d’un érotisme fou… après il l’empêche de partir et la prend contre les stores. Moi aussi, je veux qu’on m’empêche de partir, je veux vibrer, je veux rêver, je veux avoir le ventre dévoré, je veux brûler.

L’homme qui fait battre son cœur

Il est malheureusement déjà pris: Javier Bardem. J’aime les mauvais garçons. Javier, je suis là, je t’attends et je suis prête à apprendre l’espagnol en deux heures. Je ne supporte pas le laisser-aller en couple. Mais si Javier descend les poubelles, ça le fait. J’aime les hommes scarifiés, qui ont des bleus.

L’image du beau-père

Notre collaboration a pris fin avant qu’elle ne commence ! Nous avons essayé de travailler ensemble. Mais ce n’est vraiment pas possible. Michel y parvient avec mes deux frères mais pas avec moi, il fait un blocage. J’écrirai peut-être des chansons mais pour d’autres. En tout cas j’irai le voir avec toujours autant de plaisir sur scène… je l’admire profondément.

Une question de désir

Je découvre enfin mes courbes, j’adore ma cambrure. Je l’ai tellement détesté mon corps. Je lui en ai fait baver. Quand je le touchais, ça me dégoûtait, j’avais un vrai rejet. Si j’avais pu le découper, je l’aurais fait. Aujourd’hui, je me sens désirable, c’est tout nouveau pour moi. Avant j’en faisais des tonnes, je minaudais, je jouais dans les rapports humains. Maintenant je joue derrière la caméra. Plus dans la vie.

Propos recueillis par Emmanuelle Pavon-Dufaure

Article paru dans Gala, octobre 2009