Il impose ses choix, refuse les pressions du palais et de l’opinion. Pour la première fois dans l’histoire des Windsor, un héritier de la Couronne revendique une véritable liberté. Celle d’être lui-même, tout simplement.
A sa manière, le monde entier l’a déjà couronné. William, roi des sondages, monarque absolu dans le cœur des girls de Grande-Bretagne et d’ailleurs… Le voilà, à vingt-huit ans et sans qu’il ait rien demandé, estampillé star des stars au casting d’une monarchie qui croyait pourtant en avoir vu d’autres. L’espoir numéro un du palais. Il y a un mois, sa grand-mère, Elisabeth II, l’envoyait essuyer les plâtres en Australie et en Nouvelle-Zélande, deux joyaux du Commonwealth fâcheusement sujets à des accès (de plus en plus virulents) de fièvre républicaine. Un p’tit tour et puis s’en va…
En moins d’une semaine, le fils aîné de Charles et Diana, «épaulé» par des conseillers choisis par Granny en personne, faisait chuter les antimonarchistes de quinze points dans les enquêtes d’opinion. Un triomphe. Mais aussi un piège dans lequel William, nouveau prince charmeur patenté, n’a pas (mais alors pas du tout) l’intention de se laisser enfermer.
Fin 2009, la presse du royaume laissait entendre que, poussé par les conseillers en chef de Buckingham, le jeune homme s’apprêtait à endosser le costume de «shadow king», entendez par là un souverain de l’ombre, un rival potentiel pour son père dont l’image, outre-Manche, est souvent jugée trop vieille-Angleterre pour une monarchie du troisième millénaire…
Prêtant ainsi foi aux rumeurs (infondées) selon lesquelles Sa Majesté, elle-même, se verrait bien remettre les clés de «La firme» à son petit-fils plutôt qu’à son aîné. «Horrifié», selon les propres mots de ses proches, Wills avait alors chargé l’un des porte-parole de Clarence House, son QG londonien, de mettre les choses au point.
Un: priorité à ses obligations militaires – il vient d’entamer la dernière phase de sa formation de pilote d’hélicoptère spécialisé dans les missions de sauvetage sur la base d’Anglesey, au pays de Galles, où il devrait être posté au moins jusqu’à la fin de l’été.
Deux: pas question de voler la vedette à son père, l’héritier du trône, dont il admire le travail et qu’il voudrait voir enfin reconnu à sa juste valeur. Et tant pis si, de l’autre côté du Channel, on piaffe, on s’exaspère. Sans illusions sur ce que beaucoup de ses futurs sujets espèrent et attendent de lui (une majorité de Canadiens et d’Australiens préfèreraient ainsi le voir succéder directement à Elisabeth II), Wills a tranché: il va se battre. Pour deux.
«Le prince de Galles est un homme enthousiaste et passionné, William souhaite que ce soit lui qui soit en pleine lumière, confiait récemment un membre de son entourage au très sérieux Sunday Telegraph. Il ne veut pas qu’on le place dans une position qui n’est pas la sienne avant que le moment soit venu – et surtout avant qu’il soit prêt à l’assumer.» En 2008, alors que les sources les mieux informées présentaient ses fiançailles avec Kate Middleton comme imminentes, il avait déjà pris ses fans, sa famille et sa compagne par surprise en optant pour un engagement longue durée dans l’armée de l’air, repoussant ainsi sine die son entrée dans le royal show. Charles et lui ne sont pas en compétition l’un avec l’autre, ils sont au contraire solidaires.
L’un partant pour faire équipe avec son père, défendre son bilan et être prêt à le seconder lorsqu’il montera sur le trône – ils ne seront pas trop de deux pour faire face aux mille problèmes qui se poseront à la disparition de l’actuelle souveraine. L’autre prêt à tous les sacrifices pour permettre à son fils de mener sa vie comme il l’entend. Aussi longtemps qu’il le pourra.
Farouchement attaché au peu de liberté que lui autorise sa condition, prisonnier, à plus ou moins long terme, d’un destin dont d’autres ont décidé pour lui, le good boy des Windsor, fort de la bénédiction paternelle, impose aujourd’hui sa patte. Et son tempo. Ses fiançailles avec Kate Middleton?
«Wait and see», répond-il invariablement à qui lui pose la question. Une fois son apprentissage de pilote terminé, il devrait en effet être affecté de manière permanente sur une base militaire jusqu’en 2013. D’ici là, il entend consacrer la plus grande partie de son temps libre à développer les projets caritatifs qui lui tiennent à cœur – et qui lui sont, pour la plupart, inspirés de sa mère – ainsi qu’à aider son frère cadet, Harry, à trouver un rôle et une place à sa mesure dans l’organisation de la Windsor Inc. Le mariage? Certains experts vont aujourd’hui jusqu’à dire qu’il ne serait pas célébré avant 2012, année où Elizabeth II fêtera son jubilé de Diamant – et William ses trente ans. God save the prince…
Olivier
Dimanche 28 février 2010