La comédienne d’origine marocaine tenait le rôle de Rachida Dati dans le film La Conquête, de Xavier Durringer sorti en 2011. Elle nous dit la nature de son engagement.
Gala: Comment s’est forgée votre conscience politique?
Saïda Jawad: Très tôt lorsqu’on m’a fait comprendre que je n’étais pas tout à fait comme les autres, simplement car mon nom et mon prénom sonnaient comme un air de musique plus proche d’Oum Kalthoum que de la grande Frehel… Cela a provoqué un sentiment d’exclusion, tout en allumant chez moi cette «conscience politique» que vous évoquez. Ça donne envie de prendre part à la vie de quartier, pour ne pas en être écartée.
Gala: Quelle a été l’importance du collège, du lycée?
Malheureusement je n’ai jamais connu les cours d’éducation civique ou de citoyenneté. Plus au programme! En revanche au lycée Pasteur à Lille, je me souviens parfaitement avoir participé à diverses manifestations en 1986 contre la loi Devaquet. Un projet de loi reformant les universités Françaises qui prévoyait le développement de la sélection à l’entrée, l’augmentation des frais d’inscription, la fin des diplômes nationaux, bref une université à deux vitesses.
Gala: Et la famille? On dit que dans un premier temps « les enfants tendent à voter comme le font leurs parents ». Votre cas?
Mes parents n’ont pas le droit de vote… Après 40 ans en France… Etrange non? Ma mère n’apprécie pas forcement que l’on parle de politique à la maison… Normal aussi non? En revanche mon père, passant outre ces considérations et furieusement passionné de politique au sens large, ne tarit pas sur la question; et parfois le débat est vif.
Gala: Le vote des étrangers fait débat à droite? Sur de bons arguments? Ou pas?
Je suis tout à fait favorable au discours du PS concernant le droit de vote des étrangers en France. Il s’agit là de rendre leur dignité aux étrangers qui ont passé pour la plupart un certain nombre d’année en France à travers le droit de vote. Dès lors que ces personnes sont liées à une commune, qu’ils payent un impôt local, il est tout à fait normal qu’ils puissent voter aux élections locales.
J’ajouterai qu’aujourd’hui, nous avons plus que besoin de nous rassembler et cette proposition permet l’ouverture, le rassemblement. Contrairement aux idées reçues, être hostile à cette démarche c’est à mon sens faire progresser le communautarisme si dangereux pour la France.
Gala: Quel est le sens de votre engagement aujourd’hui?
Tout d’abord, prendre part, si petite soit elle, à la vie publique. Avoir un point de vue, sur le monde qui m’entoure, pouvoir l’exprimer à travers mes films. Le besoin de s’entre aider, de faire de nos différences une force et de nos forces une richesse.
Gala: Qu’ont à gagner les artistes à apparaitre au côté de candidats?
Pour ma part rien! Je le fais par. Mais il me semble que l’engagement sincère d’un artiste auprès d’un candidat permet, peut-être, je dis bien, peut-être, une écoute différente de la part des Français, car ils entretiennent une relation particulière avec les artistes.
Gala: Pourquoi y a-t-il plus d’artistes déclarés à gauche qu’a droite?
Globalement les artistes délivrent un message humaniste qui me semble plus proche des valeurs de la gauche.
Gala: Vous avez joué dans La conquête ou figuraient aussi Denis Podalydes, Dominique Besnehard ou Hippolyte Girardot, tous déclarés sympathisants de Hollande. Pourtant, le film fut en partie considéré comme pro-sarko. Un malentendu?
Un malentendu? Je dirais un film. L’art a pour vocation de montrer un point de vue. La conquête retrace l’ascension au pouvoir de Nicolas Sarkozy. L’idée n’était pas d’en faire un film pro ou anti- sarko, mais plutôt, de permettre de poser un regard sur les coulisses et les arcanes du monde politique. Un monde, parfois inconnu du grand public et difficile à comprendre…
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