Maestro sur Netflix : que vaut le biopic de Bradley Cooper sur Leonard Bernstein ?

Pour son deuxième film en tant que réalisateur, Bradley Cooper signe "Maestro" pour Netflix. Un film où la star surprend aussi bien devant que derrière la caméra.

De quoi ça parle ?

Maestro est le récit de l’amour grandiose et téméraire qui unira toute leur vie Leonard Bernstein et Felicia Montealegre Cohn Bernstein. Ode à la vie et à l’art, Maestro brosse le portrait émouvant d’une famille avec l’amour pour partition.

Maestro, un film réalisé par Bradley Cooper, écrit par Bradley Cooper et Josh Singer, avec Bradley Cooper, Carey Mulligan, Matt Bomer, Maya Hawke…

Maestro

Sortie :
20 décembre 2023
|
2h 09min

De
Bradley Cooper

Avec
Bradley Cooper,
Carey Mulligan,
Matt Bomer

Presse
3,6

Spectateurs
3,4

Voir sur Netflix

C’est avec qui ?

Pour son deuxième long-métrage derrière la caméra, Bradley Cooper a décidé d’interpréter lui-même le grand Leonard Bernstein. Son envie de l’incarner remonte à l’université, bien longtemps avant d’avoir connaissance du projet – une genèse qu’on vous racontera prochainement. Il joue le maestro sur cinq décennies, des années 1940 aux années 1980.

Après Lady Gaga dans A Star Is Born, Bradley Cooper a jeté son dévolu sur Carey Mulligan pour jouer Felicia Montealegre Cohn Bernstein, actrice, peintre, activiste et épouse de Leonard. Ils forment ensemble un couple iconoclaste et terriblement touchant.

Matt Bomer, Maya Hawke et Sarah Silverman apparaissent dans des rôles secondaires. Matt Bomer campe David Oppenheim, un clarinettiste américain, producteur de musique classique et de télévision, et amant de Leonard Bernstein durant leurs jeunes années. Maya Hawke est la fille de Leonard et Felicia, Jamie ; et Sarah Silverman est la sœur de Leonard, Shirley Bernstein.

Ça vaut le coup d’œil ?

S’il a commencé sa carrière dans la comédie, Bradley Cooper a connu une ascension fulgurante, devenant un acteur-réalisateur qui fait désormais partie des habitués de la saison des Oscars. Avec son nouveau film, Maestro, il veut prouver que le succès de son premier long-métrage, A Star Is Born en 2018, n’est pas dû au hasard.

Cooper réalise et joue dans ce biopic sur Leonard Bernstein, le célèbre compositeur surtout connu pour son travail sur la comédie musicale West Side Story. Bernstein est présenté comme un personnage en guerre contre lui-même, tant sur le plan professionnel que personnel.

Dans le monde de la musique, sa manière si spectaculaire et passionnée de diriger un orchestre contraste avec son travail solitaire de compositeur. Dans sa vie privée, il est profondément amoureux de sa femme, l’actrice Felicia Montealegre, mais ce lien est mis à l’épreuve par ses liaisons avec des hommes plus jeunes. Leonard Bernstein n’a jamais renié son homosexualité. Et Felicia a toujours su. L’amour qui les unit va au-delà des conventions, surtout à une époque – leur rencontre remonte à 1943 – où l’homosexualité est encore considérée comme une déviance…

Il s’agit d’un film complexe et ambitieux, presque trop parfois, mais jamais moins que captivant, car les multiples facettes de l’homme sont explorées avec une véritable ténacité visuelle. Et c’est une vraie bonne surprise, au premier abord, de constater que Felicia Montealegre est également un personnage à part entière, une co-cheffe de file, aussi importante pour l’histoire que son célèbre époux.

Et puis cela fait vite sens quand on regarde l’affiche de Maestro qui montre Felicia de dos. Aussi quand on se rappelle que c’est Bradley Cooper qui a révélé Lady Gaga en tant qu’actrice dans A Star Is Born en la mettant sur le même pied d’égalité que lui dans son premier film.

Des prestations solides

Carey Mulligan va sans doute devenir le principal sujet de conversation, car elle livre une performance que beaucoup considèrent déjà comme la meilleure de sa carrière. Bradley Cooper n’est pas en reste. Lui-même joue le maestro avec enthousiasme, sous le maquillage réalisé par Kazu Hiro et au rendu vraiment bluffant. Son alchimie avec Carey Mulligan est cruciale pour le succès du film, et n’est pas minée par sa connexion avec Matt Bomer, qui joue l’amant de Bernstein.

De nombreux biopics ont soit ignoré la bisexualité de leur sujet, soit en ont fait un démon intérieur, c’est donc un soulagement que toutes les personnes concernées traitent cet aspect de sa vie avec maturité et sans misérabilisme.

Maestro n’est pas exempt de défauts. On peut lui reprocher de ne pas mieux faire découvrir aux spectateurs le travail de Bernstein et les jalons de sa carrière (tout juste évoqués). Ou de trop vouloir être l’anti fiche Wikipedia du maître, en ne s’intéressant qu’à ce qui est écrit entre les lignes. C’est aussi ce qui fait sa force, en livrant un portrait intime et bouleversant d’un couple.

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D’un point de vue purement esthétique, Bradley Cooper franchit un cap depuis sa précédente réalisation. Il fait le choix osé, pour un film dit “de plateforme”, de proposer une première partie tout en noir et blanc, au format 4:3 et sous la forme d’un vibrant hommage à l’âge d’or d’Hollywood. La seconde partie, en couleurs, paraît moins spectaculaire mais ne manque pas de jolies trouvailles visuelles. La longue dispute en plan fixe, avec une parade de Thanksgiving en arrière-plan, devrait rester dans les annales.

Sa maîtrise dans la composition des plans force l’admiration, surtout pour un acteur qu’on a peut-être un peu trop vite rangé dans la catégorie des “jolis garçons”, juste bon à faire des comédies potaches qui rapportent près d’un milliard et demi de dollars à travers le monde. Avec Maestro, il semble entrer pour de bon dans la cour des grands.