Un sondage réalisé par l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation d’études progressistes montre que deux ans après l’éclatement de l’affaire Weinstein, le harcèlement sexuel en milieu professionnel reste un comportement bien ancré : en Europe, 6 femmes sur 10 auraient déjà subi au moins une forme de violence sexiste ou sexuelle sur leur lieu de travail, pour une grande partied’entre ellesau cours des douze derniers mois.
Sommaire
- 21% des Européennes ont subi des violences sexuelles au cours des 12 derniers mois
- Encore trop nombreuses à garder le silence
En octobre 2017, le lancement du mouvement #MeToo a permis la libération de la parole des femmes victimes de
violences sexuelles. Deux ans après, la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation d’études progressistes ont souhaité “mesurer l’ampleur” de ce phénomène dans la sphère professionnelle, les données restant manquantes. Menée en avril 2019 auprès de 5 026 femmes âgées de plus de 18 ans et venant d’Italie, d’Espagne, d’Allemagne, du Royaume-Uni ou de France, l’enquête montre que 6 Européennes sur 10, et notamment 1 Française sur 3, ont déjà été harcelées ou agressées sexuellement sur leur lieu de travail.
21% des Européennes ont subi des violences sexuelles au cours des 12 derniers moisSi 46% des femmes affirment avoir déjà fait l’objet “de sifflements, de gestes ou de commentaires grossiers, ou encore de regards concupiscents”, 26% d’entre elles ont expliqué les subir “de façon répétée”. 37% ont déjà reçu des “remarques gênantes sur leur tenue ou leur physique”, tandis que 33% se sont déjà vu “imposer des contacts physiques légers comme par exemple un effleurement des mains, des cheveux, du visage ou des jambes”. Pour 21% d’entre elles, ces violences ont été subies au cours des douze derniers mois.Pire encore, 11% des sondées auraient déjà eu un rapport sexuel “forcé” ou “non désiré” au cours de leur carrière, et 9% auraient subi “au moins une fois des pressions afin d’obtenir de leur part un acte de nature sexuelle” en échange d’une embauche ou d’une promotion par exemple. Les femmes les plus jeunes semblent être les plus touchées : 42% d’entre elles avaient moins de 30 ans, 28% la trentaine, 24% la quarantaine et 16% la cinquantaine.Encore trop nombreuses à garder le silenceContrairement à ce que l’on peut penser, “seule une minorité de femmes déclare que l’auteur [de ces violences] était un(e) supérieur(e) hiérarchique” : les collègues étaient en effet ceux qui faisaient le plus de remarques gênantes sur le physique (à 46%) ou qui tenaient le plus de propos à connotation sexuelle (à 38%).Et malgré #MeToo, les femmes sont encore nombreuses à garder le silence sur ces violences : entre 33 et 47% d’entre elles évitent de parler de leur problème à leur entourage, aussi bien professionnel que personnel. Seulement 9 à 16% osent se confier à un supérieur hiérarchique ou un syndicaliste.